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MARIE, PRATIQUES DE DÉVOTION


ttnguons par l’analyse de notre esprit sont intimement unis. La considération tend à l’amour, l’augmente et le fortifie ; l’amour, à cause de notre très grande Indigence et de nus besoins constants, se manifeste surtout par la prière, ("est la leçon qne l'Église nous donne, en nous taisant pratiquer la parole scripturaire qu’elle applique elle 'même à.Marie : Beat us qui vigilat ad fores meus quotidie et observai ad postes ostii inci. l’rov., viii, 34.

A l’exemple et à la pratique de la prière, l'Église joint ses instantes recommandations pour nous y rendre fidèles.

Dans ce but, elle rappelle les pressantes exhortations des plus dévots serviteurs de Marie, comme celles de saint Bernard, à la fête du saint Nom de Marie : In periculis, in angustiis, in rebus dubiis, Mariam cogita, Mariam iiwoca. Non recédai ab ore, non recédât a corde. Souvent aussi l'Église applique en ce sens, d’une manière accommodatice, des textes de la sainte Écriture : dans la fête de Marie médiatrice de toutes les grâces elle se sert du texte d’Isaïe, lv, 1 sq. : Omnes silienles, venite ad aquas, et qui non habetis argentum, properute, emite et cornedite ; venite, emite absque argento et absque ulla commulatione vinum et lac. Dans son appel à la prière fervente et confiante, adressée à Marie médiatrice, l'Église n’excepte point les pécheurs qui ne sont pas obstinés dans leurs péchés. En ce sens, le titre de pécheurs que nous prenons tous dans la deuxième partie de l’Ave Maria n’est-il pas expressif ? Une supplication de l’Ave maris siella ne demande-t-elle pas que soient déliés les liens des coupables, que la vue soit rendue aux aveugles, que tous les maux soient écartés ? et n’est-ce point surtout des liens du péché, de l’aveuglement spirituel et des maux causés par le péché, qu’il est ici question ? D’une manière plus formelle, une strophe de l’hymne des laudes, à la fête de Marie médiatrice, invoque le secours de Marie pour ceux que l’horrible chaîne du péché, ou celle des crimes, retient captifs : que Marie délie promptement les liens qui attachent leurs cœurs au péché. La strophe suivante supplie Marie de secourir ceux que séduit la trompeuse image du monde, de peur que, oublieux du ciel, ils n’abandonnent le chemin du salut. Rappelons encore, à la cinquième leçon de la fête du saint Nom de Marie, les pressantes exhortations adressées aux pécheurs, troublés par la grandeur de leurs crimes, confus à cause de la honte causée par leurs péchés, effrayés par les sévérités des jugements divins et tentés de s’abandonner au désespoir : qu’ils pensent à Marie, qu’ils invoquent Marie, qu’ils portent leurs regards vers l'Étoile ; en la priant, qu’ils ne désespèrent point ; avec sa protection, qu’ils ne craignent point.

3. Comme conclusion de notre analyse des directions données par l'Église dans sa liturgie, nous pouvons déduire les qualités que l'Église nous suggère pour notre dévotion envers Marie : elle doit être une dévotion spirituelle et intérieure, une dévotion effective, une dévotion assidue et persévérante.

Spirituelle et intérieure. De nos demandes, l'Église n’exclut pas les bienfaits temporels, les biens du corps. Parfois même elle les comprend formellement dans ses supplications. Mais c’est surtout vers les biens spirituels qu’elle porte nos désirs, nos aspira tions, nos recherches. Notre dévotion doit être effective. L’amour qui nous est recommandé doit nous conduire à l’imitation des exemples de Marie ; toutefois la dévotion imparfaite du pécheur qui recourt à Marie, avec quelque désir de s'éloigner du péché, ou qui ne s’y obstine point, est encouragée par l'Église. Notre dévotion doit être assidue et persévérante. L'Église nous en donne l’exemple par la part

considérable qu’elle assigne, dans sa liturgie, à la prière à.Marie. A l’exemple constant, l'Église joint ses instantes exhortations, par le rappel fréquent des excellents avantages que nous procure la dévotion a .Marie, selon les textes script uraires qu’elle applique en ce sens, ou selon les recommandations des saints docteurs dont elle emprunte le langage.

I. Ce qui vient d'être dit de la liturgie de l'Église, doit s’appliquer aussi aux nombreuses pratiques ou prières, louées, recommandées ou simplement autorisées par l'Église, sans qu’elles fassent partie de la liturgie officielle. Dans ces pratiques, comm< litanies de la très sainte Vierge, Vangelus, le rosaire, le mois de Marie, le mois du Rosaire, les dévotions aux divers mystères ou privilèges de Marie, et beaucoup de prières enrichies d’indulgences, l'Église est guidée par le même esprit que nous avons constaté dans sa liturgie. Nous devons donc apporter la même docilité pour profiter de ses directions.

2° Justification des pratiques du culte extérieur envers Marie. — - Les pratiques du culte extérieur, bien qu’elles ne soient point une conséquence nécessaire des actes intérieurs, ni un moyen nécessaire pour leur production, ont cependant, sous ce double rapport, une très grande importance.

A cause de notre nature d’esprits unis à des corps, ces manifestations extérieures sont un effet ordinaire de la dévotion intérieure, qui a une tendance spontanée à se traduire au dehors par des signes extérieurs. Voir Culte en général, t. iii, col. 2411. Pour la même raison, ces actes extérieurs sont, à leur tour, un auxiliaire puissant pour la pratique des actes intérieurs de dévotion, en nous aidant à élever notre âme vers Dieu. S. Thomas, Cont. gent., !. III, c. exix ; Sum. theol., II"- ! ? 6, q. lxxxi, a. 7. On sait d’ailleurs que les objets ou signes extérieurs, sur lesquels s’exercent immédiatement les actes du culte extérieur, ont pour nous, en cette vie, une utilité très grande pour nous aider à la connaissance des vérités spirituelles et à la production des actes correspondants de la volonté. Cont. gent., ibid.,

La souveraine utilité des pratiques extérieures du culte religieux envers Marie est encore plus manifeste, si l’on tient compte de cette vérité que l'Église catholique, selon son institution divine, doit être une société visible, et qu’elle doit, comme telle, avoir un culte extérieur où tous les fidèles soient unis dans la pratique des mêmes rites, comme ils doivent être, même extérieurement, unis dans la communion d’une même foi et dans la soumission à la même autorité divinement établie. Il est donc très légitime que, comme tout culte religieux, le culte envers Marie comprenne des actes extérieurs s’exercant sur des objets ou des signes sensibles, comme images, statues, médailles. Comme tout culte religieux, il est très légitime qu’il unisse les fidèles dans la communauté des mêmes pratiques extérieures, attestant la foi dans les augustes prérogatives de Marie et la confiance dans sa très puissante protection.

Cependant il reste toujours vrai que ces actes extérieurs doivent être rapportés à leur fin principale qui est la dévotion intérieure. Sum. theol., Ih-fl', q. lxxxi, a. 7 ; q. lxxxiv, a. 2 : Contra gent., t. III, c. exix. Ils doivent donc servir de moyens pour promouvoir la dévotion intérieure, et être accomplis autant qu’ils sont utiles à cette fin : de même que l’on doit se servir de la prière vocale autant qu’il est utile pour la dévotion' intérieure, et ideo in singulari oratione tantum est vocibus et hujusmodi signis ulendum, quantum proficit ad excitandum interius mentem. ID-II 88, q. lxxxiii, a. 12. Si, malgré ces principes et malgré toutes les directions et recommandations de l’Eglise en cette matière, quelque défaut