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MARIE, PRATIQUES DE DÉVOTION


vis a vis de laquelle on veul pratiquer l’esclavage d’amour selon le bienheureux Grignlon de Montforl on comme une mère à laquelle il convient d'être uni par un constant recours filial, il est très légitime et très recommandable de.se consacrer à elle lui même temps qu’elle est une conséquence de la médiation universelle « le Marie, eelte constante dépendance, comme le montre tout ce qui a été « lit sur les bienfaits que procure la dévotion à Marie, est un gage assuré de sa protection loule-puissanle.

.'i. Cette dépendance ViS-à-ViS de Marie noire souveraine et notre mère, a divers degrés « le perfection, depuis la pratique de quelques actes de vénération religieuse et de prière accomplis avec une fréquence plus ou moins grande, jusqu'à une dépendance constanteréalisée par une considération fréquente de ses éminentes prérogatives et de ses exemples, par des actes d’amour allant jusqu'à l’imitation et par une sorte de perpétuel recours fdial qu’inspire l’humilité, la confiance et l’amour. La réalisation de cette dépendance filiale peut être comparée à ce que dit saint Thomas de la pratique de la vie d’union avec Dieu par la charité. Comme, dans la vie présente, à cause de l’imperfection de notre nature et des occupations auxquelles nous devons nous livrer, l’union avec Dieu par la charité ne peut être réalisée d’une manière constamment actuelle, mais seulement de telle sorte que l’on éloigne de son âme ce qui empêche de porter toutes les affections vers Dieu, Sum. theol., II B -II æ, q. xxiv, a. 8 ; q. clxxxiv, a. 2, de même la dépendance filiale vis-à-vis de Marie a des limites imposées par les conditions de la vie présente. On comprend d’ailleurs que cette dépendance filiale n'étant pas une fin en elle-même, comme la charité envers Dieu, mais seulement un moyen de tendre, par cette charité, à notre fin suprême, notre dépendance, vis-à-vis de Marie, doit constamment s’allier à cette souveraine charité et lui être toujours subordonnée. Mais n’est-ce pas être éminemment uni à Marie que de l’imiter dans sa parfaite union avec Notre-Seigneur ?

4. Dans la pratique de cette dépendance totale vis-à-vis de Marie, on peut comprendre aussi l’abandon fait à Marie de la valeur satisfactoire de toutes les bonnes œuvres que l’on accomplit, de telle sorte que Marie puisse en disposer selon la volonté de son divin Fils et pour sa plus grande gloire. B. Grignion de Montfort, Traite de la vraie dévotion à la sainte Vierge, 18e édit., p. 89 sq. ; A. Lhoumeau, La vie spirituelle à l'école du B. Grignion de Montfort, 4e édit., Tours, 1920, p. 247 sq. Cet abandon est, en réalité, la pratique de l’acte héroïque accompli par amour pour Marie et à son bénéfice. Cet acte assure donc la jouissance des privilèges dont bénéficie l’acte héroïque, et doit procurer, de la part de Marie, une protection toute spéciale. On ne doit pas craindre que cet acte puisse causer quelque préjudice spirituel, soit à la personne ellemême, soit à ses amis et bienfaiteurs. B. Grignion de Montfort, op. cit., p. 95 sq. Marie ne peut manquer à ceux qui ont confiance en elle.

G u Remarque générale concernant les développements donnés au culte mariai, au cours des siècles. — 1. Depuis le milieu du iv c siècle où il commence à apparaître d’une manière bien explicite, jusqu'à l'époque actuelle où il s’est encore beaucoup perfectionné, le culte mariai a eu un développement très notable, soit dans le culte liturgique proprement dit, soit dans le culte simplement approuvé par l'Église.

Dans le culte liturgique, beaucoup de fêtes en l’honneur de la mère de Dieu ont été successivement établies, comme on peut le constater par l’ouvrage de Benoît XIV, De feslis B. Maria 1 virginis, et par les fêtes ajoutées depuis cette époque ; voir aussi L. Duchesne, Origines du culte chrétien, 3e édit., Paris,

1903, p. 2<19 sq., 271 sq. ; Dictionnaire d’archéologie, t. i.col. 2243 sq., 22^7 sq. ; Dictionnaire apologétique,

t. iii, col. 30 l sq.

Parmi ces fêtes, plusieurs ont été établies, et finalement imposées a l'Église entière, pour honorer des prérogatives, mieux connues, comme la fêle de la Conception, ultérieurement expliquée et proposée, puis finalement imposée a l'Église universelle comme fête de l' Immaculée Conception, dans le sens nouvellement défini par la bulle Inefjabilis Deus. De même aussi la fête de Notre-Dame médiatrice de toutes les grâces, récemment permise dans l'Église entière par Benoît XV. Des fêtes ont été aussi instituées pour honorer des litres nouveaux mieux expliqués et mieux connus, comme la fête du saint Cœur de Marie, appelée en quelque sorte par la fête du SacréCœur de Jésus : ou pour honorer des mystères particuliers de la vie de Marie comme la nativité, la présentation au temple, l’annonciation, la Visitation, la purification, l’assomption ; ou pour commémorer, dans des églises particulières ou même dans l'Église entière, des événements extraordinaires dus à une spéciale intervention ou à une protection particulière de la Mère de Dieu, comme la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, celle du Rosaire, de Notre-Dame de Lourdes, et de nombreuses fêtes locales établies par la reconnaissance du peuple chrétien, avec l’approbation de l'Église. De même la liturgie de l'Église, soit au canon de la messe soit dans la récitation de l’olfice, a accordé à Marie une place privilégiée, et elle s’est enrichie de pratiques nouvelles comme le petit office de la très sainte Vierge et celui de l’Immaculée Conception.

Pour ce qui est du culte simplement approuvé par l'Église, de nombreux accroissements se sont aussi produits : prières et dévotions très nombreuses enrichies de beaucoup d’indulgences : pratiques nouvelles comme le rosaire, le scapulaire. la dévotion aux sept douleurs ou à d’autres mystères ou privilèges, la dévotion au saint Cœur de Marie, Yangelus, le mois de mai, le mois du rosaire ; confréries, congrégations ou associations établies sous la protection spéciale de la Vierge avec le but d’imiter ses vertus et d’obtenir ses faveurs particulières.

2. La pleine légitimité de tout ce progrès est facilement démontrée par l’analyse de ses diverses causes.

La cause immédiate de tout ce développement du culte mariai fut surtout le progrès accompli, selon les diverses époques, dans la connaissance des privilèges ou des prérogatives de Marie, tel que nous l’avons constaté dans chacune des questions particulières étudiées dans cet article. En même temps, le développement du culte mariai suivait la marche ascendante du culte envers Notre-Seigneur, appelant un semblable progrès dans la dévotion mariale, toujours comprise, dans l'Église catholique, comme l'épanouissement normal du culte envers Notre-Seigneur et comme un moyen de mieux le pratiquer. A l’influence de cette cause principale s’est constamment jointe une disposition particulière de la divine Providence, se manifestant par des interventions spéciales de la Mère de Dieu, par d’innombrables faveurs surnaturelles et temporelles dues à son intercession, et appelant la reconnaissance et la dévotion du peuple chrétien, par l’action aussi de nombreux et fervents apôtres de la dévotion mariale et par l’action constante de l'Église elle-même.

7° Remarque générale concernant les abus par/ois reprochés à la dévotion mariale. — 1. On doit reconnaître que, souvent, ce que l’on a classé comme un abus ou une exagération n’a point ce caractère. Ainsi en est-il des abus signalés par les Monila salularia B. Maria" virginis ad suos cultores indiscretos : le