Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/125

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d’être attaquées par des voleurs, elles firent emplette d’un pantalon et d’un plat à barbe d’étain ; elles pendaient de temps en temps le vêtement masculin à une de leurs fenêtres et y plaçaient le bassin de manière à ce qu’il reluisît au soleil.




Quelques pâtres du Gessenay (canton de Berne) se rendaient à Vevey en traversant les montagnes ; arrivés sur un plateau élevé des Alpes, ils s’arrêtèrent pour admirer le Léman, calme et d’un bleu céleste. Alors l’un d’eux, qui n’avait jamais vu le lac auparavant, se mit, sans rien dire, à rebrousser chemin vers ses pénates. Ses compagnons, étonnés de ce brusque changement de résolution, le rappellent et lui en demandent la cause :

— Allez si cela vous plaît, répond-il, pour moi je retourne chez nous.

— Et pourquoi donc ?

— Dieu me préserve de descendre dans ces plaines où le ciel est tombé  !

Cette réponse ingénue rappelle celle d’une femme de Rougemont à qui on demandait ce qu’elle avait pensé en voyant le lac pour la première fois :

— Il me sembla, dit-elle, qu’il y avait deux ciels, l’un en haut, l’autre en bas.