Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/128

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consacrée — à Lausanne. Je remarque que les réformateurs de cette partie de la Suisse étaient presque tous natifs de la France et notamment du Dauphiné, contrée de montagnes où ont toujours germé les idées d’indépendance politique et religieuse ; où les Vaudois vivaient, et où notre grande révolution eut ses racines. À l’exception du picard Calvin et du bourguignon de Bèze, les premiers apôtres de l’Évangile dans la vallée du Léman furent tous de cette province : Guillaume Farel vint de Gap ; Froment, des bords de l’Isère ; Saunier, de Moirans, près de Grenoble ; et enfin le pasteur d’Aubonne Jacques Valier, de Briançon.

Ce qui m’a attiré dans cette église, peu remarquable en elle-même, c’est le monument funèbre renfermant le cœur de l’un de nos plus illustres marins, du vainqueur de Ruyter : le tombeau de l’amiral Duquesne. L’odieuse et impolitique révocation de l’Édit de Nantes, dictée par les jésuites à Louis XIV dont elle déshonore la mémoire, chassa du sol français cette noble et précieuse dépouille qui fut apportée à Aubonne par le fils du grand homme, zélé protestant comme son père.

Sur une tablette de marbre noir à veines blanches, entourée de trophées militaires, de canons, de lauriers, de drapeaux sculptés, et surmontée d’un blason, on lit une épitaphe latine écrite en lettres d’or dont le