Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/129

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style est fort barbare et qui commence ainsi :

Siste gradum viator
Hic conditur cor
Invicti herois
Nobmi Acillus (sic) Abrahami Duquesne Marchionis,
Baronis, Dominiq. de Walgrande, de Monros, etc.
Anno 1700.

Je me suis découvert avec respect devant ce marbre tumulaire.

Duquesne, né à Dieppe en 1610, mourut à Paris en 1688, c’est-à-dire à l’âge de 78 ans. Le grand roi ne voulut point le nommer maréchal de France parce qu’il professait le calvinisme, religion de sa famille.

À côté de ce tombeau j’ai aperçu une interminable épitaphe d’un certain chevalier Biondi descendant des princes d’Illyrie, ce qui m’intéresse fort médiocrement, et une autre inscription en l’honneur d’un citoyen d’Aubonne fondateur d’une espèce de prix Monthyon... Je ne songeais qu’à Duquesne, — qui ne descendait lui que de ses services militaires, — et à l’ingratitude de Louis XIV.

En flânant au hasard par la ville, j’ai rencontré mon hôte, maître Bron, qui se promenait en fumant sa pipe et de l’allure du plus profond désœuvrement ; je lui ai témoigné le désir de voir le château et aussitôt il m’a offert avec obligeance de m’y conduire ; si j’étais sceptique je ne manquerais pas de mettre cette offre sur le compte