Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/186

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gèrent un vieil officier, Jacques ou Jacob Wildermouth, et son parent Erhardt, — tous deux hommes énergiques et résolus, — à enrôler secrètement des soldats et à marcher au secours de la ville ; ils réunirent à cet effet 900 combattants de Neufchâtel, Berne, Bienne et Valengin, pendant que le clergé de Lausanne enrégimentait de son côté des catholiques de La Vaux pour renforcer l’armée ducale et écraser dans son germe le protestantisme genevois.

Le 7 octobre 1535, vers le soir, la troupe de Wildermouth, toute composée de réformés, était prête à se mettre en route quand le seigneur de Prangins, grand adversaire de la Parole, et gouverneur du comté pour la princesse de Longueville, les fit sommer, de la part de sa souveraine, de se disperser. Cet empêchement rebuta plus de trois cents hommes qui se retirèrent chez eux, le reste dit : « Nous ne pouvons laisser périr nos frères de Genève qui se nourrissent comme nous du pain de la Parole[1], — hélas ! les Genevois n’avaient pas alors d’autre pain que celui-là, — leur cause est la nôtre, marchons ! » Puis ils invoquèrent Dieu et partirent résolument.

Le temps était affreux, la neige amoncelée couvrait les flancs âpres du Jura. Ils essayèrent de pénétrer en Bourgogne pour gagner Genève par la gorge de Saint-

  1. Ce mot revient sans cesse dans les écrits du temps.