Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/188

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traîtres courent donner avis de l’arrivée des Suisses trop confiants à une armée de trois ou quatre mille Espagnols, Piémontais et Savoyards, divisée en deux corps et postée près de là au pied de la montagne. Un de ces corps, composé de quinze cents hommes et commandé par le seigneur de Lugrin, capitaine châtelain de Gex, s’avança alors, et cet officier demanda à parlementer avec Wildermouth, qui lui dit tout d’abord :

— Nous vous prions de nous donner passage pour aller à Genève.

— Nous ne vous le donnerons point, répliqua l’autre.

— Eh bien ! nous saurons le prendre.

Le chef des Neufchâtelois n’eut pas plus tôt proféré ces mots, qu’un soldat savoisien le frappa du bois de son arquebuse et le renversa. Wildermouth s’étant relevé, les ennemis firent une mousquetade très nourrie qui passa pardessus la tête des Suisses. Alors ceux-ci, franchissant la haie, firent une décharge à leur tour et se jettèrent sur les Savoyards avec une grande rage malgré l’inégalité du nombre ; la plupart de ces braves gens n’avaient que des hallebardes, et ceux qui étaient armés de mousquets, ne voulant pas perdre de temps à les recharger, se servaient de leurs crosses comme de massues et assommaient les Savoyards d’un bras vigoureux. Plusieurs femmes qui avaient voulu prendre part à l’expédition