Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/201

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À l’époque de la Restauration Genève nous fut ôtée avec toutes nos conquêtes de l’Empire, elle redevint petite république et obtint quelques communes de la Savoie et du Pays-de-Gex, dont elle se fit un État de quatre ou cinq lieues carrées tel qu’il subsiste aujourd’hui ; les traités de Paris et de Turin consacrèrent cette cession de villages, et un vingt-deuxième canton suisse, le plus exigu de tous, je crois, prit naissance.

La plupart des actes de cette époque désastreuse sont iniques, irrationnels, absurdes dans leurs conséquences, dans leur portée, et maintiennent encore un état de choses qui ne saurait durer longtemps ; — géographiquement et politiquement parlant, il devient urgent de les réviser et de tenir un peu plus compte de la situation des lieux, de l’origine et des sympathies des populations partagées comme des lots de bétail, et adjugées arbitrairement par un pacte entaché de haine et de violence.

Genève n’avait jamais appartenu à la France avant la Révolution, nos rois absolus même respectèrent son indépendance, il était donc juste, j’en conviens, de rétablir les choses sur le pied où elles se trouvaient autrefois, mais il ne l’était point d’enlever à la France et aux États Sardes plusieurs communes à la convenance des Genevois, d’arrondir leur canton à nos dépens, car nous possédons le Pays-de-Gex à titre légitime, non par conquête violente, mais en vertu d’une cession librement