Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/23

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pour s’épargner de grandes dépenses et surtout de grands embarras ; jaser avec le premier paysan venu, interroger tout le monde ; s’accommoder au besoin d’un mauvais lit et d’un maigre repas, se faire simple, frugal et familier au moins momentanément.

Voilà la meilleure manière de voyager, celle dont on retire du profit ; mais elle ne saurait convenir à qui aime trop ses aises et redoute par dessus tout les privations matérielles, même celles de courte durée ; à qui voyage uniquement pour manger à table d’hôte, goûter les bons vins de certains crus, tâter des produits gastronomiques de certaines localités, et dormir dans des draps de fine toile.

À celui-là il ne faut pas de la poésie, mais du confort.

Ce mot emprunté à la langue d’Outre-Manche me rappelle ceci :

Un Anglais étant venu en Suisse, fit le tour du Léman dans un de ces chars légers qui n’ont qu’un seul banc placé de long ; comme il tournait le dos au lac, il ne le vit point, et, de retour en Angleterre, ne savait pas ce qu’on voulait lui dire quand on lui en parlait.

La plupart des livres qui traitent de la Suisse et de la France contiennent des choses fort piquantes dans le goût de celle-ci : « De..... à..... tant de kilomètres, la route gravit une côte, on aperçoit à gauche un torrent où l’on pêche d’excellentes truites, un peu plus loin est