Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/231

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outragea l’écrivain sans l’avoir lu, ou qui l’avait lu sans le comprendre, et qui n’en reçut pas de réponse. Le dix-huitième siècle, incarné dans le démon du matérialisme, livrait alors une guerre à mort à la pensée. Il s’était fait rhéteur et philosophe pour se dispenser d’avoir une âme. »

Tout ce qui était grand et noble excitait la jalousie et la haine de Voltaire ; comment donc n’aurait-il pas attaqué et injurié Bonnet, homme simple, vertueux, et qui, dédaigneux de retentissement et de gloire, moins spirituel que profond, et de plus croyant, se plaisait dans la douce pénombre de Genthod, village si voisin de la résidence du caustique vieillard.

Ces deux tempéraments devaient nécessairement être antipathiques. Le seul des ouvrages de Charles Bonnet que je connaisse est sa Contemplation de la Nature, livre où la science revêt les formes de l’enthousiasme profondément religieux et presque mystique ; j’y ai remarqué surtout les chapitres qui traitent de l’enchaînement des règnes et des espèces.

L’auteur nous montre la sensitive et le polype formant la transition du végétal à l’animal ; certains vers à tuyaux établissant le passage des insectes aux coquillages ; le limaçon tenant aux coquillages et aux reptiles ; l’anguille, le serpent d’eau et le poisson-rampant unissant les reptiles aux poissons ; le poisson-volant, les oiseaux