Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/274

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Le comte de Savoie écrasa le comte du Genevois et fut écrasé lui-même par les Suisses, amis de Genève ; pour l’évêque, il fut chassé par la Réformation.

C’est ainsi qu’arriva l’affranchissement de la ville, mais il fallut pour l’assurer soutenir des combats désespérés et faire d’inouïs efforts.




La réunion de Genève à la France fut un acte violent, inique et brutal, il faut en convenir, car cette ville avait toujours eu sa vie politique à part et ne demandait point à devenir française. Aussi reprit-elle avec joie son ancienne indépendance en 1814, et cela se comprend d’autant mieux que le système de la Restauration allait nous régir, nous amener les jésuites et proclamer une religion d’État qui n’était point celle de la cité calviniste. Mais aujourd’hui Genève serait-elle bien à plaindre de vivre dans la grande famille constitutionnelle française, de dépendre d’un pays où tous les cultes sont reconnus et protégés, où il n’y a plus de religion d’État ? Elle ne cesserait pas d’être libre et s’associerait aux destinées d’une grande nation.

Un Genevois qui a dîné aujourd’hui à l’hôtel, et près de qui je me trouvais à la table d’hôte, me disait, à propos de la liberté dont nous jouissons en France, et que nous saurons conserver et défendre :