Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/313

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plainte de ces plaisanteries inconsidérées et simplement répréhensibles ; il n’en fallut pas davantage pour faire jeter ces jeunes gens en prison.

On instruisit aussitôt leur procès.

De la Croix fut accusé de jurer sans cesse, de parler mal des saintes Écritures, d’aller fort peu aux offices, d’avoir fait à l’auberge des Balances une mascarade sacrilége dans laquelle il tournait en dérision les ministres, leur faisait jouer un rôle ridicule ou odieux et mettait dans leur bouche des chansons grivoises, bachiques, obscènes et impies.

Reymond ne nia rien et fut condamné à mort comme athée, blasphémateur, renieur du saint nom de Dieu, etc.

Mais cet atroce jugement ne reçut point son exécution, le tribunal permit aux parents du condamné qui étaient accourus des Cevennes de présenter un recours en grâce au Grand-Conseil, lequel commua la peine de mort en une amende honorable publique.

Les pasteurs ne trouvant pas la punition assez forte réclamèrent pour que De la Croix fût excommunié de la grande excommunication et livré à Satan, afin que sa chair fût détruite et son âme sauvée. Je ne saisis pas trop le sens de ce dernier membre de phrase. — En conséquence le condamné fut anathématisé à Saint-Pierre pendant un office solennel, ensuite on le ramena en prison où il fut laissé jusqu’à l’année suivante.