Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son issue pour Genève, doit naturellement trouver place en ma correspondance :

Le duc, voyant que ses tentatives au grand jour pour s’emparer de la ville n’avaient pas un bon résultat, résolut d’employer d’autres moyens, de l’attaquer nuitamment, sournoisement, de la surprendre dans son sommeil. Mais, si secrets que furent ses préparatifs, ils vinrent aux oreilles des amis de la cité qui en donnèrent avis au Conseil, lequel resta dans sa sécurité et ne prit aucune précaution.

Les fortifications ayant été examinées, les fossés sondés par des émissaires savoyards, Charles-Emmanuel quitta Turin incognito, traversa en poste ses États et fit halte au pont d’Étremblière, attendant le résultat d’une expédition qu’il eût dû diriger en personne.

C’était le 11 décembre, à la tombée de la nuit, les troupes savoyardes qui se composaient du régiment de la Val-d’Isère, fort de huit cents hommes, de quatre compagnies de cavalerie, de quelques gentilshommes et d’autres corps de Napolitains et d’Espagnols, commandés par Brunaulieu, gouverneur du bourg de Bonne, et par un général nommé d’Albigny, débouchent à pas de loup des gorges du Faucigny et suivent le cours sinueux de l’Arve, pour que le bruissement des eaux couvre celui des armes ; dans sa marche cette petite armée arrête tous ceux qu’elle rencontre et qui auraient pu donner