Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/331

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toujours hostile à Genève depuis que ses habitants eurent secoué le double joug du despotisme religieux et du despotisme politique.

Les catholiques, soit ducaux, soit épiscopaux, qui harcelèrent si longtemps et si opiniâtrement la ville, avaient pour refuges et places d’armes trois donjons dans lesquels ils se jetaient quand les habitants de la ville faisaient des sorties : Gaillard, Jussy et Peney.

La vindicte populaire a soufflé sur ces repaires et les a réduits en poudre que le vent des âges s’est chargé de balayer.

J’ai quitté Genève la vaillante, la savante, la belle et la fière, de grand matin, par un temps sombre et venteux, fort propice aux réflexions graves et vagues. Mes épaules, déshabituées du havre-sac par quelques jours de repos, de petites promenades que j’ai faites le corps et l’esprit débarrassés de tout fardeau incommode, furent bientôt fatiguées de la pression des courroies, du poids de mes hardes, et m’imposèrent de fréquentes étapes sur ces bancs publics que l’on trouve à l’embranchement des routes, aux lieux ombragés, presque toujours près d’une limpide fontaine, et qui attestent la paternelle bonté des gouvernants pour les paysans, les laitières, les piétons, les promeneurs, les voyageurs pédestres, les gens de toute espèce portant hottes, corbeilles, bissacs et havre-sacs.