Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idole dans laquelle le démon parlait, comme faisait la statue de Jupiter sur le Mont-Saint-Bernard.

» Ces autels furent renversés par deux des premiers évêques de Genève, lorsque le christianisme s’introduisit dans les Gaules et en prit possession.

» Cependant le malin esprit ne quitta pas tout-à-fait la montagne de Voiron ; mais sous la figure d’un horrible sanglier il exerçait sa rage sur tous ceux qui se hasardaient d’y monter : c’est pourquoi nul n’osait s’avancer trop avant dans le bois, à moins qu’il ne fût sorcier ou qu’il n’eût fait quelque pacte avec le diable. Le seigneur de Langin, village voisin, avait son château presque à mi-côte, et on en voit encore aujourd’hui une fort haute tour au milieu de plusieurs masures. Un jour ce seigneur voulant faire le hardi, et accusant quelques gentilshommes d’avoir peu de courage, fit tant qu’il les attira à la chasse dans ce lieu. À peine fut-il arrivé à la cime de la montagne, que voilà le sanglier qui se jette sur lui avec fureur, qui le déchire cruellement ; et il le maltraita d’une telle sorte, qu’il demeura comme mort sur la place. Bien loin que ses compagnons eussent le courage de le secourir, ils gagnèrent au pied très promptement et s’enfuirent l’un d’un côté, I’autre de l’autre.

» Alors le seigneur de Langin, détestant sa témérité, jeta les yeux vers le ciel et fit un vœu à la très sainte