Vierge de lui faire bâtir une chapelle au même lieu, si par ses prières et son intercession cette bête farouche pouvait être tuée ou chassée, et si lui pouvait échapper à tant de plaies dont il pensait que la moindre était mortelle. La Sainte-Vierge ne lui refusa pas son secours ; car, quoiqu’il fût sur le point de rendre l’âme, il recouvra assez de force pour se retirer en son château.
» Mais lorsqu’il fut question d’exécuter son vœu et de faire bâtir une chapelle, il y trouva de grandes difficultés ; personne ne voulait entreprendre l’ouvrage, tant la crainte avait saisi tous les cœurs. Enfin il s’adressa à l’évêque de Genève et le pria d’envoyer quelque prêtre pour faire les exorcismes sur la montagne de Voiron, parce qu’on ne pouvait s’imaginer que le sanglier fût une bête naturelle. L’évêque députa le prêtre le plus pieux et le plus habile exorciste qu’il connut, et lorsqu’il fut monté et qu’il eut fait toutes ses oraisons, ses conjurations, ses bénédictions et cérémonies, il fit dresser une cabane sur le lieu pour attendre de pied ferme le perturbateur, se confiant sur le secours de Dieu, par l’autorité duquel il entreprenait le combat. Mais ayant parcouru toute la montagne pendant trois jours et n’ayant entendu aucun bruit, ni rien vu d’extraordinaire, il ne douta point que l’ennemi n’eût abandonné la place. Enfin, il descendit et assura le seigneur de Langin que s’il voulait accomplir son vœu,