Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/355

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minieusement sur la pente raide de la montagne en lui tenant ce langage :

— Viens après moi, petite Maure ; si tu as autant de pouvoir qu’on le dit, montre-le maintenant... Pourquoi te laisses-tu traiter de la sorte, que ne te défends-tu ?

Comme il disait ces mots la statue s’arrêta, et il lui fut impossible de la tirer en avant, bien qu’il se trouvât dans un pré glissant et rapide. Alors il tourna la tête pour voir ce qui la retenait là, et demeura dans cette posture, de plus perclus subitement d’un bras et d’une épaule. Il dut abandonner sa capture et demeura estropié et difforme jusqu’à la fin de ses jours.

Quant aux soldats bernois qui avaient dévasté l’ermitage, ils périrent tous misérablement à quelque temps de là.

Ces faits, présentés comme des manifestations de la colère céleste, furent relatés dans les registres publics de la ville de Thonon, par ordre du duc de Savoie, lors de la conversion du Chablais.

« Mais voici encore une autre merveille, ajoute Auguste de Sales : Il y avait une grosse cloche que l’on pouvait entendre de Genève et de Lausanne ; les hérétiques l’ayant démontée et ne pouvant pas l’emporter, parce qu’elle était trop pesante, ni la mettre en pièces, la roulèrent dans un vallon que l’on appelle le bois de Lajoux, avec le dessein de la venir reprendre