Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/368

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Je n’aurais jamais imaginé si sordide agglomération d’hommes incivilisés au cœur de l’Europe, à une lieue et demie tout au plus des côtes si avenantes du canton de Vaud, presque aux portes de Genève, une des villes les plus propres du monde ! Imprudent touriste ! je me suis aventuré, — sur la foi d’un nom élégant et de bon augure, d’un nom éminemment fallacieux, — dans le plus exécrable des villages.

Je descendis au rivage croyant y trouver un quai, un port, une auberge au moins.

Mais rien de tout cela.

Les chaumières s’avancent jusqu’au bord du Léman que souillent les immondes ruisseaux de quelques ruelles. Au milieu de ce désordre de chaumières surgit une terrasse assez haute, battue par les vagues et portant l’ancien château du lieu ; c’est une masse de pierre parfaitement carrée, grisâtre, sans toit apparent, et montrant aux quatre coins de sa plate-forme les supports d’autant de petites tourelles, écroulées sans doute depuis longtemps.

Cette lourde, morne et solide construction, qui n’a que fort peu de fenêtres, espèce de vigie guerrière, produit, du lac, le plus pittoresque effet.

Un littérateur genevois, M. James Fazy, en a fait le théâtre d’une histoire romanesque où il est parlé, je crois, des amours et des expéditions d’un Jean d’Ivoire Bras-de-Fer,