Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/372

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Œufs à la tripe,

Œufs à la neige,
le même inconvénient se fût présenté, à supposer que ma rustique et idiote hôtesse eût su les apprêter ; — chose très peu probable. — Le résultat de ces judicieuses et sages réflexions fut la demande de deux œufs à la coque ; j’évitais par là des mouches et me croyais certain de souper.

Mais comment lutter contre le sort... il était écrit que je ne souperais pas ce soir-là. On m’apporta des œufs gâtés.....

Je faillis douter de Dieu et m’abandonner au désespoir.

Mon estomac dut se contenter bon gré mal gré, pour ce soir, d’un morceau de fromage sec de la vallée d’Abondance, — dont, par précaution, je grattai avec mon couteau toute la superficie, — et de quelques noix fraîches.

Tout en les épeluchant, je songeais au Puer, abige muscas ! des rudiments de collége ; je suis certain que j’avais la mine d’un homme qui prend la mouche, et si je me fusse mis en colère il eût été oiseux de me demander :

— Quelle mouche vous pique !

Tant bien que mal j’assouvis ma faim, et me sentant brisé de fatigue, — j’avais fait cinq lieues, — j’appelai l’hôtesse et lui demandai un lit.