Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/392

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non, ils s’y rendaient à pied chaque matin quelque temps qu’il fît, ne portant avec eux qu’un bâton et un sac dans lequel étaient une bible et un bréviaire ; le soir, par précaution, ils revenaient coucher aux Allinges.

Ils eurent à surmonter de grands obstacles, à vaincre de vives répugnances, et voyant bien qu’attaquer de front le culte établi, c’eût été s’exposer à échouer complètement, ils procédèrent par les finesses, les feintes, les ruses, les équivoques, et le sapèrent à petit bruit jusqu’au moment où le prince, violant avec déloyauté le traité de Nyon qui garantissait la liberté de conscience dans le Chablais, prêta à ses envoyés l’appui de la force brutale.

Ces moyens répugnaient sans doute à François de Sales, et il eût préféré arriver à son but par la seule persuasion ; pourtant il laissa faire le duc, et l’opposition que ses historiens lui attribuent fut ou trop faible ou hypocrite.

Le doucereux convertisseur s’insinuait adroitement de maison en maison, il faisait accroire que le catholicisme était calomnié par les Réformés, et débitait un singulier amalgame des deux doctrines.

Quand il eut gagné assez de simples, de faibles, de crédules, de gens craignant le duc, il cessa cette comédie et jeta le masque.

Pendant qu’en France Henri IV accordait à ses an-