Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/423

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rang après le pape : lorsqu’il ira voir le pape, celui-ci se lèvera pour le recevoir, le baisera sur la bouche sans exiger de lui des témoignages de respect. Amédée conservera les habits et ornements de la papauté, excepté l’anneau, le dais, la croix sur la chaussure, et on ne portera point devant lui la Sainte-Eucharistie. Lorsqu’il sortira de Savoie, il aura partout l’autorité et la puissance d’un légat a latere, il ne pourra être contraint de paraître en cour de Rome, ni dans aucun concile. »

Amédée revint à Ripaille auprès de ses commensaux (avec beaucoup de joie, à ce que l’on prétend), mais bientôt après il mourut à Genève, âgé de 67 ou 69 ans, en grand renom de sainteté. — On ne s’accorde pas sur la date précise de cette mort, qui arriva de 1450 à 1452. — Son corps fut enterré dans l’église de Ripaille où il fit maints miracles, s’il faut ajouter foi à la locale tradition.

Vers le milieu du siècle suivant, les Bernois s’étant emparés, presque sans coup férir, de toute la vallée du Léman, et faisant la guerre aux asiles religieux, aux reliques et aux sépultures vénérées, brisèrent impitoyablement le tombeau de marbre du bienfaisant Amédée, dans l’espoir d’y trouver un trésor ; les ossements du duc eussent été dispersés sans un pieux gentilhomme, nommé de Merlinge, qui les recueillit furtivement et les cacha à Évian ; longtemps après, ces restes d’un