Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/444

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De petites flottes parties du Boveret ou de Saint-Gingolph s’approchent du rivage ; quelquefois la barque chargée de pierres ou de chaux se trouve arrêtée par le calme, le conducteur attache une longue corde à l’extrémité du mât et fait remorquer son bâtiment.

« Ces grandes voiles qu’enfle un souffle imperceptible du vent rasent le feuillage et projettent leur ombre sur le bord, quelquefois deux barques ainsi conduites se rencontrent cheminant en sens inverse.

« À la droite de la route s’élèvent de hautes collines boisées, une terre fertile y nourrit des arbres remarquables par la beauté de leurs dimensions ; des vignes qui entrelacent leurs rameaux à des perches rappellent la culture italienne ; sous les pampres croissent du blé, du maïs, du chanvre ou des légumes. Près d’Évian les bords du lac sont occupés par les jardins et les enclos des habitants de la ville ; en suivant les sentiers qui serpentent sur l’inclinaison de la montagne, on se trouve dans les prairies ou sous les bois de châtaigniers. Vues du lac, ces pentes semblent ensevelies sous une épaisse verdure, interrompue seulement par quelques points découverts et cultivés ; lorsqu’on suit les sentiers qui se dirigent en tous sens sous ces ombrages, on découvre à chaque instant des objets nouveaux : la chapelle d’un village et son presbytère, un château détruit, demeure maintenant d’une famille de paysans, et dont les fossés