Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/443

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la grande route et viennent mettre en mouvement la meule qui doit broyer le grain, écraser le fruit et les noix, ou briser l’écorce nécessaire au tanneur. Le ruisseau fait aussi agir la scie qui sépare en feuilles minces le tronc des gros arbres.....

« Les filets dont on s’est servi pendant la nuit sont étendus sur des piquets le long de la grève ; des pêcheurs les réparent, d’autres fabriquent des cordes avec la seconde écorce du tilleul ; les bateaux sont retirés sur le rivage, à l’ombre des noyers on radoube de vieux bâtiments, et la noire fumée du goudron s’élève dans les airs. Les femmes et les filles des pêcheurs assises devant leurs portes fabriquent des filets : la navette passe et repasse, les nœuds se serrent sous la main rapide de l’ouvrière. Des enfants couvrent la plage, ils imitent les travaux de leurs pères, et jettent leurs hameçons à l’embouchure des torrents. Dans les jours d’été on les voit se précipiter en riant du haut d’un bateau dans le lac, et se familiariser avec un élément qu’ils doivent apprendre à braver.

« Tantôt de la route on découvre l’immense bassin du lac et la côte de Suisse, tantôt un rideau de verdure voile à demi les flots...

« Des prairies et des forêts, des rochers taillés à pic, des pointes de terre qui s’avancent dans les eaux, des granges sous les châtaigniers embellissent cette route.