Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/481

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plus resplendissante que nulle part. Lui aussi, en contemplant l’œuvre de la tyrannie, élèvera ses regards au ciel. Il ne pourra s’empêcher d’appeler heureux le peuple qui possède dans Chillon un palladium de son indépendance.

« Il ne manquait à la plus belle des terres que d’être sanctifiée par le plus noble et le plus touchant des souvenirs...

« Ce fut pour Genève un grand jour que celui où elle a vu ses barques revenir de Chillon, ses prisonniers descendre sur le rivage, et au milieu d’eux Bonnivard, les cheveux et la barbe descendant jusqu’à la ceinture, le visage pâle, et portant ses regards émus tour-à-tour sur Genève, et vers le ciel.....[1] »

Ainsi le prieur de Saint-Victor fut huit ans et demi prisonnier du duc de Savoie, — qui s’était, comme tu le vois, emparé de lui au mépris du droit des gens, — il passa deux ans à Grolée et six ans et demi à Chillon.

Il eut la joie de trouver la ville libre et réformée, elle le reçut au nombre de ses bourgeois, lui donna une pension de deux cents écus d’or et le logement qu’occupait auparavant le vicaire-général de l’évêque. Bientôt après le conseil des Deux-Cents l’admit dans ses rangs.

C’était justice en vérité.

  1. L. Vulliemin.