Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Espérons qu’elle n’y parviendra pas.

Voltaire était d’un naturel haineux, son animosité contre Jean-Jacques allait jusqu’à la fureur. Voici un fait qui le démontre et que l’auteur de l’opuscule sur son séjour à Lausanne a appris de M. le doyen Bridel, homme d’un grand âge et qui a beaucoup écrit sur son pays.

« ..... Le père de Saurin le littérateur avait été, comme on sait, pasteur à Bercher, dans le Pays de Vaud. Il laissa, en partant pour se faire convertir par Bossuet, une fort vilaine réputation. Il était si rapace qu’un jour, faisant la prière à la vieille dame de Bercher, tout en joignant et rejoignant les mains, il trouva moyen de lui enlever la frange d’or qui bordait son fauteuil. L’avocat de Rousseau voulait se servir de ces faits et d’autres pareils pour nuire à l’adversaire de son client dans la fameuse affaire des couplets, et il déclara qu’il devait y avoir à Lausanne des preuves de ce qu’il avançait, ce qui était vrai : elles existaient dans un registre alors en dépôt chez M. Polier de Bottens. Voltaire le sut par le moyen d’une femme de chambre qui avait une intrigue d’amour ; il parvint à s’introduire secrètement dans la maison, et ayant effectivement trouvé les pages accusatrices, il les déchira sans égard pour son bon ami M. Polier, qui en resta injustement compromis. »

Quelle infernale méchanceté ! quel manque absolu de