Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/49

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adressées par leur auteur à madame Calandrini, de Genève.

Par suite de quelles circonstances l’homme dont je m’occupe abandonna-t-il Lausanne, où il n’y avait que des familles françaises, des mœurs françaises, du goût français, et où on n’a de Suisse que la cordialité, ce qui est l’âge d’or avec les agréments du siècle de fer, où encore il noua plusieurs amitiés ?... On ne le sait pas précisément ; mais à croire les mémoires de Casanova, il devint d’humeur revêche et difficile, grondeur, très exigeant, hargneux, et finit par se brouiller avec ses acteurs et ses actrices qui cessèrent entièrement de le voir.

Il partit pour sa seigneurie du Pays de Gex, car il voulait maintenant être Français solitaire, Français éloigné de Paris, Français suisse et libre.

Grâce à Voltaire, au service militaire des Suisses chez nous, à l’impolitique et odieuse Révocation de l’édit de Nantes, notre esprit français, notre passion pour les arts et les lettres s’implantèrent sur les bords du Léman ; plus tard l’émigration les raviva, maintenant les idées tournent un peu au méthodisme et à l’anglomanie : les Anglais protestants, mais non pas tout-à-fait à la manière des Vaudois, abondent dans le canton de Vaud, la France ne veut plus de troupes étrangères et fait bien, et notre diplomatie paraît prendre à tâche depuis quelque temps de nous brouiller avec les cantons suisses.