Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/518

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et la liberté... La terre est cultivée par des mains libres. Les hommes sèment pour eux et ne recueillent point pour d’autres. Les chevaux ne voient pas les quatre cinquièmes de leur avoine mangés par les rois. Les rois n’en sont pas plus gras, et les chevaux ici le sont bien davantage. »

« ... C’est une belle chose que le lac de Genève. Il semble que l’Océan ait voulu donner à la Suisse son portrait en miniature. Imaginez une jatte de quarante lieues de tour remplie de l’eau la plus claire que vous ayez jamais bue qui baigne d’un côté les châtaigniers de la Savoie et de l’autre les raisins du Pays-de-Vaud. »

« ... Nous voyons plus d’honnêtes gens dans une ville de trois mille habitants (Vévey) qu’on n’en trouverait dans toutes les villes des provinces de la France. Sur trente ou quarante jeunes filles ou femmes il ne s’en trouve pas quatre de laides et pas une de catin. Oh ! le bon et le mauvais pays ! »

« ... Oh ! pour le coup, me voilà dans les Alpes jusqu’au cou[1]. Il y a des endroits où un enrhumé peut cracher à son choix dans l’Océan ou dans la Méditerranée... Où est l’abbé Porquet ? que je le place lui et sa perruque sur le sommet chauve des Alpes, et que sa calotte devienne, pour la première fois, le point le plus élevé de la terre.

  1. Boufflers était alors dans le Valais