Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ravivées par le désir, augmentées par le contraste. Je pense comme Obermann :

« ..... Je me soucie peu d’admirer une heure et de m’ennuyer un mois. » Vivez tour à tour dans le bruit et l’éclat d’une grande ville, et dans le calme et l’heureuse obscurité des champs ; voilà la plus belle et la plus désirable existence, celle qui fait l’homme complet.




Il y a dans la vie la plus heureuse, la plus retirée, mille petits soucis, mille inquiétudes qui nous sont envoyés sans doute pour nous empêcher de nous attacher trop aux choses de la terre.

On parle de construire un hospice pour les aliénés au dessous de la vigne du maître de Florency, qui ne pourra plus regarder le lac sans voir un triste asile des misères humaines placé entre sa demeure et le rivage ; mon hôte se désole : il y a de quoi vraiment !

Tout propriétaire doit craindre d’être exproprié pour cause d’utilité publique, comme on dit, ou bien d’être avoisiné un jour par un cimetière, un hôpital, une voirie, un abattoir, un lieu choisi pour l’exécution des criminels.

Cette réflexion est propre à consoler ceux qui comme moi ne possèdent aucune propriété immobilière.