Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/59

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J’écris à la hâte tout ce qui me passe par l’esprit, pendant que le maître de céans donne quelques ordres à son jardinier.




Sur le soir nous avons dévalisé un espalier garni de pêches superbes et récolté un melon parfumé ; le tout a été placé dans un petit panier artistement garni de grappes rouges de sorbier et de roses du Bengale, et nous nous sommes dirigés vers la ville portant à tour de rôle ledit petit panier.

Une collation nous attendait ; elle se composait de pâtisseries aux fruits, de compotes exquises, de miel roux en rayons, de beurre très frais, de vin blanc du cru et de thé. — Je m’étonnais de voir mes hôtes étendre le beurre et le miel sur des tranches d’un délicieux pain de seigle : ce mélange me paraissait singulier, mais bientôt je le trouvai exquis. Pourquoi ne mêlerait-on pas deux choses faites de la substance des fleurs ?

Pardonne-moi, ami, ces détails du genre bucolique et peut-être aussi du genre ennuyeux ; il y a quatre ans que je n’étais sorti de ce Paris où l’on ne respire pas, où l’on ne dort pas, où tout est faux, frelaté, corrompu et cher. Je vois des montagnes colossales, des eaux sereines, j’emplis mes poumons d’un air vivifiant et je retrouve quelques excellents amis.....