Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/85

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— Que fait Jean-David Ducret ?

— Ce que nous faisons tous ; quand vient le temps de semer il sème, quand vient celui de récolter il récolte ; adieu, monsieur.

Puis elle nous a salués d’un air candide et s’est retirée.

Ainsi donc on peut fort bien être simple paysan et se souvenir qu’on est noble d’extraction, vaquer aux travaux de la campagne et avoir un écusson sur sa porte ni plus ni moins qu’un ancien châtelain, conserver l’orgueil de son origine dans l’humilité de la condition actuelle, se consoler de son obscurité présente en songeant que les aïeux ont eu quelque splendeur, que le passé de la famille fut glorieux... mais j’oublie que les armoiries ne sont pas toutes également honorables, un grand nombre provient d’anoblissements peu mérités, d’anoblissements par faveurs de princes, achats de charges ou de fiefs ; les seules précieuses sont celles qui furent accordées en récompense du dévouement à la patrie, des services militaires, des talents, des vertus, des actions d’éclat ; le difficile est de discerner à première vue celles qui sont dignes de respect de celles qui ne le sont point, à moins qu’on ne possède toute la science héraldique de d’Hozier et de La Chesnaye des Bois.

En général la misère ne va pas de compagnie avec la vanité ; l’ignorance ou l’insouciance, les migrations de plusieurs générations d’hommes laissent se perdre ou