Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/88

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La difficulté, pour ces messieurs qui font les livres scolastiques par delà le Jura, était de donner un nom à notre pauvre langue travestie : dire le vaudois ou le genevois ou le neufchatelois, c’eût été par trop ridicule, par trop bouffon, par trop effronté : ils ne l’osèrent pas, grâce à un reste de vergogne, et imaginèrent de dire et d’écrire la langue maternelle.....

Que t’en semble, ami ?... n’est-ce pas là un expédient mirifique, une idée heureuse, lumineuse, ingénieuse, merveilleuse ! Quand on ne peut pas franchir un obstacle, on l’évite par un circuit, on le tourne adroitement... bravo ! bravissimo !... maternelle... la langue maternelle !... Nous ne pouvons pas nous plaindre, il n’y a rien là qui soit de nature à nous choquer, et vous avez bien le droit de vous servir de cette épithète : elle est vraie, mais elle sent le jésuitisme, l’escobarderie... et cependant, vous qui professez la religion de Calvin, vous devriez avoir horreur des procédés Loriquet. Le peuple vaudois, naturellement rieur, malin et doué de bon sens, doit s’égayer aux dépens des hommes qui dirigent l’instruction publique du canton en ce moment, ou du moins de quelques-uns d’entre eux.

Par une conséquence logique de ce qui précède, certaines gens évitent d’accoler ensemble ces mots : Suisse française, — celle où l’on parle français, que l’on distingue de la Suisse italienne et de la Suisse allemande. — Mieux