CHAPITRE XIII
L’espagnol
Qu’un ami véritable est une douce chose !
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur,
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même.
Cependant une scène d’une autre nature se passait sous la tente de Cinq-Mars ; les paroles du Roi, premier baume de ses blessures, avaient été suivies des soins empressés des chirurgiens de la cour ; une balle morte, facilement extraite, avait causé seule son accident : le voyage lui était permis, tout était prêt pour l’accomplir. Le malade avait reçu jusqu’à minuit des visites amicales et intéressées ; dans les premières furent celles du petit Gondi et de Fontrailles, qui se disposaient aussi à quitter Perpignan pour Paris ; l’ancien page Olivier d’Entraigues s’était joint à eux pour complimenter l’heureux volontaire que le Roi semblait avoir distingué ; la froideur habituelle du prince envers tout ce qui l’entourait ayant fait regarder, à tous ceux qui en furent instruits, le peu de mots qu’il avait dits comme des signes assurés d’une haute faveur, tous étaient venus le féliciter.
Enfin il était seul, sur son lit de camp ; M. de Thou, près de lui, tenait sa main, et Grandchamp, à ses pieds, grondait encore de toutes les visites qui avaient fatigué son maître blessé et prêt à partir pour un long voyage. Pour Cinq-Mars, il goûtait enfin un de ces instants de