mal la cour ! Rien ne peut le soutenir que la main du roi, qui l’aime comme son fils ; et, pour la reine, si son cœur bat, c’est de souvenir et non d’avenir. Mais il ne s’agit pas de ces fadaises-là ; dites-moi, mon cher, êtes-vous bien sûr de votre jeune avocat que je vois rôder là ? pense-t-il bien ?
— Parfaitement ; c’est un excellent Royaliste ; il jetterait le Cardinal à la rivière tout à l’heure : d’ailleurs c’est Fournier, de Loudun, c’est tout dire.
— Bien, bien ; voilà comme nous les aimons. Mais garde à vous, messieurs : on vient de la rue Saint-Honoré.
— Qui va là ? crièrent les premiers de la troupe à des hommes qui venaient. Royalistes ou Cardinalistes ?
— Gaston et le Grand, répondirent tout bas les nouveaux venus.
— C’est Montrésor avec les gens de Monsieur, dit Fontrailles ; nous pourrons bientôt commencer.
— Oui, par la corbleu ! dit l’arrivant ; car les Cardinalistes vont passer à trois heures ; on nous en a instruits tout à l’heure.
— Où vont-ils ? dit Fontrailles.
— Ils sont plus de deux cents pour conduire M. de Chavigny, qui va voir le vieux chat à Narbonne, dit-on ; ils ont cru plus sûr de longer le Louvre.
— Eh bien, nous allons leur faire patte de velours, dit l’abbé.
Comme il achevait, un bruit de carrosses et de chevaux se fit entendre. Plusieurs hommes à manteaux roulèrent une énorme pierre au milieu du pavé. Les premiers cavaliers passèrent rapidement à travers la foule et le pistolet à la main, se doutant bien de quelque chose ; mais le postillon qui guidait les chevaux de la première voiture s’embarrassa dans la pierre et s’abattit.
— Quel est donc ce carrosse qui écrase les piétons ? crièrent à la fois tous les hommes en manteau. C’est bien