Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/238

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— Ah ! ah ! voilà qui est plaisant, reprit le prince en riant ; savez-vous qu’au-dessus du mien il n’y en a pas beaucoup ? Je n’en vois qu’un.

— Enfin, s’il y en a un, monseigneur nous promet-il de signer celui de Gaston au-dessous ?

— Ah ! parbleu, de tout mon cœur, je ne risque rien, car je ne vois que le Roi, qui n’est sûrement pas de la partie.

— Eh bien, à dater de ce moment, permettez, dit Montrésor, que nous vous prenions au mot, et veuillez bien consentir à présent à deux choses seulement : voir M. de Bouillon chez la Reine, et M. le grand écuyer chez le Roi.

— Tôpe ! dit Monsieur gaiement et frappant l’épaule de Montrésor, j’irai dès aujourd’hui à la toilette de ma belle-sœur, et je prierai mon frère de venir courre un cerf à Chambord avec moi.

Les deux amis n’en demandaient pas plus, et furent surpris eux-mêmes de leur ouvrage ; jamais ils n’avaient vu tant de résolution à leur chef. Aussi, de peur de le mettre sur une voie qui pût le détourner de la route qu’il venait de prendre, ils se hâtèrent de jeter la conversation sur d’autres sujets, et se retirèrent charmés, en laissant pour derniers mots dans son oreille qu’ils comptaient sur ses dernières promesses.