et s’éteignaient, s’éloignaient et se rapprochaient comme le bruit des vagues et des vents.
La porte s’ouvrit encore, et cette fois c’était pour introduire un charmant personnage.
— Je vous attendais, chère Marie, dit la Reine, tendant les bras à la duchesse de Mantoue : vous avez eu plus de bravoure que nous toutes, vous venez parée pour être vue de toute la cour.
— Je ne m’étais pas couchée, heureusement, répondit la princesse de Gonzague en baissant les yeux, j’ai vu tout ce peuple par mes fenêtres. Oh ! madame, madame, fuyez ! je vous supplie de vous sauver par les escaliers secrets, et de nous permettre de rester à votre place ; on pourra prendre l’une de nous pour la Reine, et, ajouta-t-elle en versant une larme, je viens d’entendre des cris de mort. Sauvez-vous, madame ! je n’ai pas de trône à perdre ! vous êtes fille, femme et mère de rois, sauvez-vous, et laissez-nous ici.
— Vous avez à perdre plus que moi, mon amie, en beauté, en jeunesse, et, j’espère, en bonheur, dit la Reine avec un sourire gracieux et lui donnant sa belle main à baiser. Restez dans mon alcôve, je le veux bien, mais nous y serons deux. Le seul service que j’accepte de vous, belle enfant, c’est de m’apporter ici dans mon lit cette petite cassette d’or que ma pauvre Motteville a laissée par terre, et qui contient ce que j’ai de plus précieux.
Puis, en la recevant, elle ajouta à l’oreille de Marie :
— S’il m’arrivait quelque malheur, jure-moi que tu la prendras pour la jeter dans la Seine.
— Je vous obéirai, madame, comme à ma bienfaitrice et à ma seconde mère, dit-elle en pleurant.
Cependant le bruit du combat redoublait sur les quais, et les vitraux de la chambre réfléchissaient souvent la