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CYBÈLE

insultante pour les malheureuses que ses propres rigueurs font choir, injuste même pour les délaissées qui se réfugient dans les couvents, que prétend-elle donc que deviennent ces femmes ? Oui, l’on sait que l’homme est aux pieds de l’idole qui règne par la beauté et par le sentiment, c’est convenu. Mais la vérité est qu’il ne place si haut l’idole que pour tout faire ensuite pour la renverser, et quand une femme est tombée, aucune main ne lui sera désormais loyalement tendue.

En Cybèle plus de parias de la misère ou du vice obligatoire, plus de capitulations de la faim depuis que par le progrès des temps, il y avait librement place pour tous au banquet de la vie. La dignité, le respect de soi, avaient élevé les mœurs et les caractères. Avec l’indépendance, plus de compromissions honteuses, plus de marchés dégradants. La femme, s’estimant à sa valeur, prit d’emblée la place qui lui revient par le droit que lui donnent ses nobles fonctions maternelles et sa haute supériorité de sentiment. Dans ce monde nouveau pour Marius comme dans celui qu’il avait laissé, partout où l’on cherchait les causes secrètes, on trouvait la femme, mais la femme ennoblie, et point l’esclave abaissée. L’amour régnait plus que jamais, seulement il avait de plus dignes inspiratrices. La femme qui jamais ne connaît et n’écoute que ses impulsions inté-