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CYBÈLE

de cœur et d’intelligence pures de tout autre lien, unions si rares autrefois entre un homme et une femme, mais devenues dans Cybèle chose fréquente. Ainsi s’avançaient dans la vie ces deux êtres faits pour se comprendre et s’aimer platoniquement.

Heureusement pour l’avenir du genre humain, toutes les femmes n’étaient pas des Néa. Mais quelle était changée la condition de ces femmes en comparaison de l’état de choses que connaissait notre terrien et que l’habitude lui faisait même accepter comme choses naturelles ! Ce n’était pas précisément dans son ancien entourage qu’il allait chercher des points de comparaisons défavorables aux terriennes. Sa Jeanne n’eût-elle pas mérité la première place entre les plus dignes filles de Cybèle ? Mais il n’était pas sans avoir connu de près la société de son temps, et quand, à part le petit nombre des fortunées, à part encore celles qui trouvent l’appui solide du bras d’un époux, lui apparaissait le tableau de misère de tant de Françaises traînant une existence de parias, un flot d’amertume montait de son cœur à présent qu’un état social tout différent lui ouvrait les yeux.

Quels étaient donc ici ses prétendus titres de supériorité à cette vieille société française se disant à la tête de la civilisation ? Odieusement avare de salaire pour tout travail de femme, lâchement