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CYBÈLE

sans distinction de fortune ou de rang, comment le niveau général ne se serait-il pas élevé à cette parfaite égalité de droits qui dans ce nouveau milieu, plaçait l’homme de mérite dénué d’autres biens, de pair avec les plus fortunés ; qui ne voyait de dépendants et de courtisans que parmi les avides et les ambitieux ; qui amenait des rapports sociaux scrupuleusement basés sur le respect humain entraînant de réciproques et de sincères égards ?

Il faut dire que la société que Marius avait sous les yeux appartenait à cette race celto-latine un peu fière, qui ne souffre pas le mépris et qui a toujours su faire la part de la dignité humaine dans toutes les conditions de la vie, au lieu de n’apprécier les hommes qu’à la seule estimation de l’argent qu’ils possèdent.

C’est tout cela que la vie de chaque jour dévoilait peu à peu à la vue de Marius, lui inculquant une haute idée de ses nouveaux concitoyens.

— J’avoue, disait-il un soir au professeur, que ce monde surpasse le mien en toute chose, et qu’en comparaison on peut le tenir pour parfait. Et pourtant il me semble qu’il y manque ce je ne sais quoi, cette note aiguë, cette souffrance, si vous voulez, qui fait apprécier par le contraste les quelques douceurs que la vie tient toujours en réserve pour ses créatures même les plus déshéritées. Vous êtes trop heureux ici.