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CYBÈLE

Ce que la nature avait toujours indiqué comme chose possible pour quelques êtres vivants, la science l’avait réalisé chez l’être humain. Après quelques expériences menées à bonne fin, se faire engourdir pour remettre à plus tard la reprise de l’existence active devint chose courante. La léthargie fut à la mode. Pour un chagrin, pour un mécompte, pour un oui, pour un non, l’on partait après avoir mis ses affaires en règle, pour quelqu’une de ces stations de repos vital et l’on remettait à dix ans, vingt ans ou plus, le renouement de ses destinées. On pouvait se confier en toute sécurité aux habiles opérateurs de ces établissements où régnait la plus grande vigilance. Chaque sarcophage contenant un volontaire, portait sa plaque indicatrice et explicative, ainsi qu’un registre sur lequel les amis de l’enseveli venaient écrire leurs vœux, leurs bons souhaits, les missions dont on le priait pour un temps à venir, enfin les informations de toute nature que l’intéressé devait trouver lors de son réveil. En outre, le corps lui-même était souvent visité et soumis à l’expert examen des surveillants qui ranimaient d’office le sujet au premier symptôme de réel arrêt vital.

— La plupart des endormis de notre établissement d’Alger, continuait le jeune ami de Marius, ne sont là que pour un temps relativement court, mais