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CYBÈLE

s’élevaient maintenant de nombreux lieux d’étude ou d’agrément, des restaurants où nos amis goûtèrent un Pharnès et un Acrocorinthe toujours fameux, des théâtres et principalement un édifice splendide qui avait réoccupé la scène même où un public athénien rendu au néant depuis tantôt quatre-vingts siècles, avait applaudi les tragédies de Sophocle et d’Euripide. Ces Grecs étaient toujours grands amateurs de théâtre, et ce peuple viril redevenu le premier du monde en matière d’art, honorait dignement tous ses interprètes, mais chacun à son rang, sans risque de jamais descendre à un aussi sot engouement que celui des Parisiens de jadis qui glorifiaient cabotins et cabotines presque à l’égal de demi-dieux.

Nos promeneurs aimèrent à se mêler à la foule qui se portait de l’un à l’autre de ces lieux de réunions. Ils remarquaient l’air grave et peu communicatif de ce peuple hellène qui, avec les anciennes vertus de ses ancêtres, avait conservé leurs défauts et qui, s’il méritait souvent l’admiration, n’inspirait pas toujours la sympathie. En voyant ces froids visages qui ne laissaient deviner aucune pensée, le mot de cet ancien revenait à la mémoire : « Je me défie des Grecs jusque dans leurs présents. »On constatait une fois de plus la permanence étonnante du caractère, des mœurs, des idées, que conserve à