Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
CYBÈLE

Il n’était pas au monde de cité maritime ayant un passé aussi lointain et aussi constamment prospère que celui de cette antique Massala des Ligures, passé qui remontait à pas moins de neuf mille années, ce qui n’empêchait pas ses nouveaux citoyens d’avoir encore présents dans l’esprit des souvenirs tels que celui du jeune phocéen Eumêne qui toucha le cœur de Gyptis la fille du roi des Segobriges, et s’établit avec sa belle épouse et ses compagnons d’aventures sur ce rivage fortuné déjà occupé auparavant par des Tyriens. L’on y prononçait encore avec orgueil des noms tels que ceux de Pythéas et d’Euthymène, les navigateurs audacieux qui plusieurs siècles avant l’ère chrétienne parcoururent, l’un toutes les côtes de l’Hibernie et même de l’île hyperboréenne de Thulé ; l’autre le littoral africain jusque sous les tropiques. De siècle en siècle, sans le moindre recul elle avait toujours grandi cette Marseille qui devait à une grande époque de l’histoire, donner son nom à l’hymne héroïque de la France républicaine. Et si de ces commencements qui se perdaient dans la nuit des temps, l’on sautait à un passé plus récent, dans quels termes célébrer l’incomparable capitale qui avait su mériter l’honneur de remplacer et de surpasser Paris, et qui eût sans doute marché à des destinées plus grandes encore si la nature elle-même se levant contre elle, ne lui eût enfin dit : « C’est assez ! »