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CYBÈLE

tance, les rocailleuses cimes du mont Tycho, le plus considérable des anciens volcans lunaires. Si dans un moment aussi perplexe, notre nageur avait eu le loisir de contempler le paysage qui se déroulait sous ses yeux, et qu’éclairait un splendide clair de terre, il eût admiré l’incomparable beauté des immenses traînées lumineuses qui, rayonnant autour de la montagne, semblaient autant d’énormes fleuves aux reflets argentés qui sortaient du cirque central par de béantes échancrures pour aller se perdre à l’horizon, non en méandres capricieux, comme nos rivières terrestres, mais en ligne droite en traversant monts et vallées. Il eût cru voir alors que ces fleuves étonnants ont pour lits d’immenses fêlures du sol et sont formés de coulées prodigieuses d’un métal qui s’est solidifié sans trop perdre de son éclat naturel, et il eût compris que la croûte de ce globe avait dû être bel et bien brisée à une époque ancienne sous l’action d’explosions internes à la suite desquelles ces matières en fusion, montant de l’intérieur, seraient venues combler tous les vides de l’énorme étoilement ainsi produit. Que sont nos chétifs volcans et nos timides tremblements de terre en comparaison des cataclysmes effroyables qu’a vus se succéder notre satellite lorsqu’après les explosions de Copernic et d’Aristarque, l’éclatement de la région du mont Tycho a