Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
CYBÈLE

aimait ? Puis, devant lui, cette fois encore, plus étincelante que jamais, l’étoile fatidique, cette Gemma et son cercle menaçant qui semblait même s’être distendu et ouvrir davantage son béant abîme, comme pour capturer plus sûrement l’infortuné !

Bientôt ce fut chez lui plus que de la prostration morale, car vint l’engourdissement physique causé par le froid extrême des espaces, qui le pénétra jusqu’aux moelles et éteignit tout à fait ce qui pouvait lui rester de sentiment. Ce ne fut plus alors qu’une masse inerte, un corps en léthargie qui continua de s’enfoncer dans l’étendue sans bornes…


Combien de temps dura l’anéantissement de notre ami ? Nous ne saurions le dire et lui-même moins que nous. Mais cette annihilation semblable à la mort devait avoir une fin. Il vint un moment où une bienfaisante chaleur réchauffa son sang glacé, où une vie restée latente reparut dans ce corps insensibilisé. Ce ne fut pas de suite le réveil, mais dans les limbes de la pensée longtemps éteinte, commencèrent à luire de tremblantes lueurs, et s’agiter de vagues images qui prirent bientôt la fugitive consistance du rêve et même d’un rêve tout d’abord enchanteur :

Un paysage riant tout doré de soleil l’entourait. Là-bas au loin, un horizon de mer bleue, ici près un