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CYBÈLE

comme votre connaissance des choses de la terre me le prouve, le temps présent de la terre est le passé de Cybèle, vos siècles écoulés depuis lors représentent bien l’avenir du monde que j’ai laissé là-bas ?

— N’en doutez pas, mon ami, ce qui nous est déjà prouvé pour les faits que nous avons constatés l’est nécessairement aussi pour tout le reste. Les mêmes hommes, les mêmes nécessités, les mêmes passions ; les mêmes mobiles ont donné les mêmes événements et la même histoire, et cela se continuera jusqu’à la destruction finale de nos deux mondes, à la différence près de six mille années d’intervalle.

— Alors donc, reprit le jeune homme en s’exaltant, je suis le passé et vous êtes l’avenir. Il y eut un Marius tout semblable à moi qui vécut en Cybèle il y a soixante siècles et vous-mêmes vous ressusciterez tels que vous êtes, sur la terre dans le même espace de temps. Je suis pour vous un ancêtre perdu dans la nuit des âges et vous êtes pour moi les rejetons de ma postérité la plus reculée. Je suis le vieillard et vous êtes les enfants !

— C’est cela même, mon jeune ami, sauf qu’il serait plus exact de dire en nous plaçant au véritable point de vue de la vie collective de l’humanité, que les derniers venus sont au contraire les plus