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hara-kiri

queux, disant aux guerriers nationaux qu’ils ignoraient l’art de tuer en bonne forme et les faisant manœuvrer comme des écoliers.

Le mikado, enchanté, souriait. Docile aux conseils de ces étrangers, il bouleversait les coutumes et les lois. Entre Yedo et Yokohama, la ville maudite où débarquaient ces races avides, il laissait établir, par les hommes aux grandes dents, de longues barres luisantes plus dures que du bambou, sur lesquelles glissaient en vomissant des flammes, des monstres rapides, traîneurs de fardeaux.

Quelque temps après, le souverain lui-même abandonnait ses vêtements majestueux pour se couvrir de l’accoutrement ridicule des todjins : un tuyau, pareil à un cylindre noir, couvrait sa tête, et ses jambes avaient une robe chacune, avec, sur le côté, des bandes dorées, comme les étrangers belliqueux. Enfin des samouraïs, légitimement indignés de cette invasion qu’ils n’avaient point provoquée, ayant, dans leur colère, tué quelques-uns des envahisseurs, un décret impérial les priva du droit immémorial et distinctif de porter deux sabres à la ceinture. C’était plus que n’en pouvait supporter Taïko-Naga. Le lendemain il quittait la ville impériale et, désespérant presque de l’avenir du Japon, il allait s’enfermer dans son siro de campagne avec son fils Fidé. Là il se consolait en