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cultivant ses chères fleurs qu’il avait toujours aimées.

Tandis que le petit Fidé, à l’école de Kioto, terminait ses premières études, se perfectionnait dans la connaissance des classiques chinois, apprenait les principes éternels de la théologie, comme quoi il est défendu de manger du bœuf, de boire du lait de vache et de tuer des canards mandarins, le samouraï fougueux se faisait homme des champs pour oublier ses déboires. À force de voir autour du siro de bambous l’assemblage charmant des camélias et des azalées, avec, derrière, comme l’entourage d’un vaste bouquet, les jolies fleurs doubles des cerisiers, des pruniers, des poiriers et des pêchers, tous rabougris avec art, il se prenait à se consoler et laissait abîmer sa colère dans l’envahissement d’une philosophie grognonne et satisfaite.

L’adversité a vraiment ses avantages. Ainsi, il avait fallu, pour qu’il appréciât les charmes de cette résidence, vieille propriété de ses ancêtres, qu’un revers politique le forçât de fuir les plaisirs plus amers des villes. Et, tout en exhalant son ressentiment devant les rares visiteurs, lorsqu’il se trouvait seul, il se disait qu’après tout, il faut bien prendre son parti de ce qu’on ne saurait empêcher, et qu’un samouraï peut encore être heureux en remplissant sa petite pipe au tabaccoboon et vidant sa tasse de thé dans les senteurs parfu-