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observations accompagnées de fins sourires. Dans la cohue grouillante, les vernisseurs remuaient à grand’peine leurs lourdes échelles doubles, balayaient les toiles à larges coups de pinceau et, par instants, furieux d’être dérangés, laissaient malicieusement tomber des gouttes de vernis sur les têtes des amateurs myopes ou trop curieux.

Le vicomte de Valterre, Sosthène Poix et le prince avaient été surpris par ce grand coup de chaleur. Le journaliste, mieux avisé, proposa de descendre à la sculpture. Ils prirent l’escalier intérieur et se promenèrent dans les allées sablées où l’arrosage continu des jardinets répandait un peu de fraîcheur. Là, la foule était moins considérable. Alignés au coin des petits parterres de fleurs, des marbres et les plâtres dressaient leurs silhouettes blanches : Grecs ou Romains, tous étaient nus. Cette sculpture manquait de vêtements. Il y avait des Flore, des Pomone, des Cérès, des noms de l’antiquité très inconnus. Tout l’Olympe semblait revivre sous les mains des sculpteurs français. Par endroits, pour varier, des statues symboliques : la Foi, le Printemps, l’Aurore, la République, étalaient leur composition banale. Tout cela nageait dans un océan de bustes : têtes de jeunes femmes, de bourgeois enrichis, de comédiens ou de notoriétés quelconques constituant la seule manifestation de l’esprit moderne. Encore étaient-ils décolletés à outrance pour laisser voir