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lions fidèles comme on en trouve dans l’histoire et dans les pièces de Scribe, pieux, dévoués, graves… et faisant entre temps leur pelote. Trognon possédait déjà une grosse fortune lorsqu’il se maria. Sa femme, très intrigante, très soutenue par les Pères, lui procura les plus belles relations. Malgré sa position, malgré son nom ridicule, elle eut le talent de se faire accueillir partout. Après la mort de son notaire de mari, elle tenta même de faire complètement peau neuve. Son nom la gênant ; elle s’adjoignit la particule et la désignation d’une terre qu’elle possédait. Pendant quelque temps elle se fit appeler Mme Trognon du Houttoir. Mais la très spirituelle et très méchante vicomtesse de Lunel ayant dit que l’ex-notairesse aurait mieux fait de prendre le nom de Chou qui lui convenait davantage, le mot fit fortune et fut répété par une bonne amie à Mme Trognon, qui jugea utile de borner là son essai d’anoblissement. Aujourd’hui, quoique généralement détestée, elle possède une grande influence dans le faubourg. Elle est le bras droit du Père Boussu, un homme admirable. Elle fait partie de toutes les œuvres pieuses. On la craint à cause de cela et on l’accueille en considération de ses millions.

— Je ne serais pas surpris, ajouta Valterre, que Partisane eût des vues sur elle. Il vient un moment où les plus grands diables se font ermites — surtout quand ils sont décavés…