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hara-kiri

le port. Déjà l’équipage était à bord et une fumée blanche épaisse s’échappait de la cheminée du steamer ; en même temps que retentissaient, au-dessous, les grondements sourds et les échappées de vapeur de la chaudière, la veille encore silencieuse. Une chaloupe parée, les matelots droits contre les avirons, se tenait près du bord et, sur le quai, les officiers joyeux, alertes, donnaient aux expatriés des poignées de main, répétant les promesses pour des commissions dont on les chargeait. Les compagnons de Fidé prirent place dans l’embarcation. Une dernière étreinte, et déjà l’enfant des samouraïs avançait rapidement vers le paquebot, aux secousses rythmées des avirons.

Peu à peu semblait s’assombrir et s’éloigner la silhouette de Taïko-Naga immobile, maîtrisant sa douleur, au milieu des autres Japonais qui répétaient leurs adieux avec des gestes et des cris.

L’ancre était levée. Mugissant et sifflant, le paquebot dérapait, décrivant sous la pression du gouvernail une courbe gracieuse, salué par les cris simultanés des passagers et des amis restés au rivage.

Déjà, les parties diverses de Yokohama, se fondant à mesure que croissait le recul, prenaient des aspects de panoramas. Dans l’éloignement, la ville chinoise, avec ses pagodes pauvres et sales, la ville européenne, jolie, propre, aux rues bien