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hara-kiri

— Ce lait est délicieux, quoique un peu cher peut-être.

Il prit le bras du journaliste et s’éloigna en adressant au groupe un salut de grand seigneur.

— Fichtre ! s’écria Sosthène Poix lorsqu’ils se furent éloignés. Vous allez bien, vous… On voit que cela vous coûte peu.

— Ça ne me coûte que la vie, murmura Valterre.

Sosthène ne comprit pas. Le vicomte reprit :

— Si nous partions pour le Young-Club ?

— Je ne demande pas mieux. J’ai crânement besoin de me refaire…

Au cercle, la partie était engagée. Partisane, très beau, très digne, tenait la banque et faisait danser une sarabande inconnue aux écus de feu M. Trognon. Estourbiac, reçu depuis peu, donnait des poignées de main à tout le monde et pontait ferme, criant de temps à autre qu’il avait gagné vingt mille francs avec Gargouille.

Le vicomte et Sosthène Poix jouèrent sur le même tableau. Tandis que le journaliste hasardait seulement quelques plaques, pour tâter la veine, Valterre, d’un coup, jetait cinq louis sur le tapis, résolu à doubler toujours en cas de perte de façon à gagner peu, mais sûrement. Il connaissait cette tactique, suivie par la plupart des joueurs, pour lesquels le baccarat est une pro-